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Un complotiste expulsé de la barricade de Girardville

30 août, 2023  par Guillaume Roy. Initiative de journalisme local


La kukum Diane Blacksmith a expulsé le complotiste Serge Hudon de la barricade de Girardville, le jugeant « toxique et manipulateur ». Même si son groupe d’allochtones est en train de quitter le site, les forestiers demandent une intervention rapide du gouvernement pour éviter les débordements, car d’autres complotistes s’ingèrent déjà dans le dossier.

« J’ai expulsé Serge Hudon du Nitassinan », a souligné Diane Blacksmith, l’aînée innue qui a initié la barricade du chemin forestier de Girardville.

« Il est trop irrespectueux, toxique et manipulateur. Il fera son combat tout seul, sans un Autochtone », a-t-elle ajouté dans un message publié sur Facebook.

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Lundi, Serge Hudon a publié une vidéo mentionnant que des mitraillettes étaient cachées en forêt, mardi matin, ce qui a généré son lot d’inquiétudes. Des forestiers ont notamment porté plainte à la Sûreté du Québec et la vidéo a été retirée.

Diane Blacksmith a donc annoncé qu’elle avait expulsé Serge Hudon du territoire. Denyse Xavier, la kukum qui a érigé un barrage au km 59, a également souligné qu’elle ne voulait pas le voir chez elle.

Des allochtones se retirent

En début d’après-midi, Serge Hudon, le leader du groupe de manifestants allochtones qui s’étaient joints au barrage de Girardville, a annoncé que les Blancs n’étaient plus les bienvenus sur les sites des barricades forestières, dans un message publié sur Facebook. « Nous avons été invités à sortir. Nous avons été invités à ne plus être sur le territoire innu. C’est une très mauvaise décision des Innus », dit-il.

L’homme a invité son groupe à le remplacer, mais il semble que cette idée n’a pas été retenue et que les allochtones allaient quitter le site de la barricade sous peu.

Diane Blacksmith souligne qu’elle a seulement expulsé Serge Hudon. « Il y a encore des allochtones qui m’appuient et qui restent là », dit-elle.

Tous les messages du groupe ont été effacés sur la page Facebook sur laquelle ils publiaient. Selon certaines publications que l’on peut voir, les convois prévus à Girardville pour la fin de semaine sont en train d’avorter, car « les Blancs ne sont plus les bienvenus », peut-on lire sur certains groupes.

Des forestiers toujours inquiets

Malgré son éviction des barricades, Serge Hudon voudrait poursuivre son combat.

La situation inquiète Robin Saint-Pierre, un entrepreneur forestier à la tête d’Excavation Gaétan Girard et de Forestiers SGB, qui craint de voir des dérapages.

« J’ai porté plainte à la police parce que je commence à être nerveux pour mes travailleurs, confie-t-il. Il y a un gars qui parle de balles et de mitraillettes en disant qu’il veut continuer son combat et pendant ce temps-là, le gouvernement dort au gaz. »

Lundi, le porte-parole de Produits forestiers Résolu, Louis Bouchard, déplorait également la relative inaction du gouvernement. « Ça prend une action directe et immédiate », avait-il dit, craignant les débordements avec la multiplication des acteurs présents sur le territoire. Selon ce dernier, le moral des travailleurs commence à être affecté par ce conflit qui s’éternise et qui cause des maux de tête logistiques tous les jours.

En plus de ce qui pourrait se passer avec le groupe de Serge Hudon, d’autres leaders conspirationnistes ont pris le relais sur les réseaux sociaux. Pour le moment, les forestiers se méfient des messages véhiculés. Ils s’attendent toujours à voir des convois arriver en forêt au cours de la prochaine fin de semaine.

Craignant les débordements, certains sont même à la recherche de vestes pare-balles pour protéger leurs employés.

Pour l’instant, il n’y a eu aucune action gouvernementale, alors que la Sûreté du Québec (SQ) continue de suivre la situation. « On est sur les lieux et on s’assure que tout le monde puisse manifester façon pacifique », a mentionné le porte-parole de la SQ, Hughes Beaulieu.

Les kukums du Nitassinan prennent le relais

Alors que les allochtones se retirent, des aînés d’autres communautés autochtones arrivent en soutien aux barricades. Les kukums du Nitassinan ont d’ailleurs commencé à parcourir le territoire, demandant l’arrêt de la machinerie forestière.


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